L’endomètre permet normalement l’implantation d’un embryon en cas de grossesse. En l’absence de grossesse l’endomètre est évacué via le vagin au moment des règles.

L’endométriose est une maladie complexe, mal connue, qui peut être chronique et invalidante.

Elle affecte 5 à 10 % des femmes, soit entre 2 et 4 millions en France et 180 millions dans le monde.

Elle se caractérise par la présence d’endomètre (la muqueuse qui recouvre normalement l’intérieur de l’utérus) à l’extérieur de l’utérus ou sur d’autres organes. Tous les organes peuvent potentiellement être touchés mais le plus souvent on retrouve de l’endométriose sur les organes avoisinants comme les ovaires, les trompes de Fallope ainsi que la surface externe de l’utérus, des intestins et d’autres organes de l’abdomen.

Chez les femmes souffrant d’endométriose, les lésions implantées à l’extérieur de l’utérus réagissent aux fluctuations du taux d’œstrogènes, qui sont une des hormones féminines. Ces lésions se comportent comme la muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus. Ainsi, elles se développent et saignent durant le cycle menstruel.

Les fragments d’endomètre à l’extérieur de l’utérus sont aussi appelés lésions ou implants. Au fil du temps, la dégradation et les saignements peuvent aboutir à une inflammation responsable de douleurs et à la formation de cicatrices qui peuvent générer de la douleur, souvent avant et pendant les menstruations.

4 formes d'endométriose, différentes et cumulables

L’endométriose n’est pas forcément évolutive, elle peut même régresser spontanément.  Les lésions d’endométriose ne sont pas forcément associées à des symptômes et ne doivent pas être considérées comme une maladie dans ce cas. 

Utérine appelée « adénomyose » (physiologique après 40 ans)

Utérine appelée « adénomyose » (physiologique après 40 ans) entraîne dysménorrhée, ménorragies et peut être favorisée par les gestes utérins, les contractions de l’accouchement. L’invasion du tissu endométrial dans le myomètre se présente sous différentes formes : l’adénomyose diffuse (dans l’ensemble du myomètre) et l’adénomyose focale (foyers ou kystes bien délimités dans le myomètre). L’adénomyose ou endométriose utérine peut commencer chez des jeunes femmes n’ayant jamais eu de grossesse.

Annexielle

  • Ovaires : les endométriomes ovariens qui sont des kystes.
  • Trompes : sous la forme d’hydro ou hématosalpinx.

Endométriose superficielle

Implants adhérant superficiellement au péritoine (dont le ligament rond), entraine des douleurs pelviennes à recrudescence prémenstruelle et des dysménorrhées.

Endométriose profonde

Sous péritonéale (pénétrant à plus de 5 mm sous le péritoine).  L’endométriose pelvienne profonde peut intéresser de façon isolée ou associée plusieurs compartiments pelviens. Elle peut être antérieure et/ou postérieure, infiltrant les ligaments utéro-sacrés ou la musculeuse des organes adjacents (vessie, rectum…) et latérale (paramètres). Elle se caractérise par des dyspareunies profondes, dyschésie, rectorragies, dysurie, hématurie.

Endométriose, quelles sont les causes ?

Bien que la cause exacte de cette affection soit inconnue, plusieurs théories ont été avancées :

  • Théorie du reflux menstruel : Le sang menstruel transportant des cellules endométriales peut remonter par les trompes de Fallope jusque dans la cavité pelvienne.
  • Dyscontractilité utérine : Contractions excessives de l’utérus entrainant l’irruption de cellules de l’endomètre dans le myomètre (muscle utérin).
  • Théorie de la transformation des cellules : Des cellules endométriales inactives peuvent être présentes dans la cavité pelvienne dès la naissance.
  • Dysfonction immunitaire : Les lésions peuvent apparaître si le système immunitaire n’est pas suffisamment actif pour empêcher leur croissance et leur prolifération.
  • Théorie des emboles : Des cellules endométriales peuvent circuler dans les vaisseaux sanguins jusqu’à la cavité pelvienne et en dehors dans de rares cas.
  • Génétique : Certaines femmes peuvent être porteuses de gènes qui les prédisposent à l’endométriose : la recherche a montré qu’une femme a un risque multiplié par 5 de développer de l’endométriose si sa mère est atteinte.

Endométriose, quels sont les symptômes ?

Il faut y penser lorsque vous avez (la règle des 6D) des :

  • Douleurs pendant les règles (dysménorrhées sévères)
  • Douleurs pendant les rapports sexuels plutôt profondes (dyspareunie profonde)
  • Douleurs à l’exonération des selles
  • Douleurs urinaires
  • Douleurs abdomino-pelviennes chroniques y compris en dehors des règles
  • Difficultés à concevoir 

Autres symptômes souvent associés à l’endométriose :

  • Troubles hémorragiques du cycle (ménorragie ou métrorragie)
  • Troubles digestifs (diarrhées, constipation, alternance des 2, ballonnements…)
  • Sang dans les selles pendant les règles (rectorragie)
  • Fatigue chronique (asthénie)
  • Douleurs de l’omoplate droite (scapulalgie)

Y penser devant tous symptômes douloureux apparaissant à chaque cycle.

Endométriose, les différentes douleurs

Deux systèmes s’opposent : le système excitateur et le système inhibiteur.

Le premier conduit l’information nociceptive de son point de départ lésionnel jusqu’aux différentes aires corticales et le second module à différents niveaux le message douloureux.

Il existe trois types de douleur dans l’endométriose :

  • Douleur nociceptive due aux lésions, aux adhérences en lien avec les atteintes d’endométriose
  • Douleur neuropathique : par atteinte ou sensibilisation des terminaisons nerveuses
  • Douleur nociplatique : douleur viscérale (utérus, vessie, digestif…), inadéquation de la douleur avec les lésions d’endométriose à Hypersensibilisation pelvienne centrale

La douleur commence pendant les règles, puis elle devient chronique en dehors des règles.

Le triptyque de la douleur dans l’endométriose permet de comprendre comment les différents traitements seront efficaces :

  • Le premier élément est inflammatoire et nociceptif, le mécanisme inflammatoire s’active en majorité au moment des règles. L’endométriose irrite les terminaisons nerveuses là où elle est située. Les douleurs sont décrites comme des coups d’aiguilles, des coups de poignards, des élancements, des décharges électriques ou en fond douloureux permanent (sensation d’étau, de brulures…). Elles irradient en hémi ceinture vers les lombaires ou vers les membres inférieurs (trajet des nerfs).
  • Le deuxième élément est nociplastique : un nerf irrité entraine l’immobilisation du tissu qu’il innerve. Tout tissu élastique qui s’immobilise devient douloureux. L’ensemble des éléments du bassin s’arrêtent les uns après les autres par effet domino. Ce sont les douleurs dysfonctionnelles. Cette immobilité explique que les douleurs s’étendent sans que l’endométriose progresse et la survenue d’un certain nombre de symptômes : les troubles fonctionnels intestinaux (diarrhée, constipation, alternance des deux, ballonnements), les dysuries, les douleurs lombaires, les nausées. De même, les dyspareunies sont amplifiées par la perte de mobilité de l’utérus et s’étendent à des douleurs à la pénétration (arrêt de la mobilité du vagin) jusqu’à des saignements dus à la durabilité de la situation et liés à un renouvellement insuffisant de la flore vaginale.
  • Le troisième élément est le cerveau. Il module les informations qui lui arrivent, en les amplifiant ou en les réduisant.

Ce triptyque est spécifique à chacune, ce qui explique le ressenti unique de chaque patiente.

Schéma de Delphine Lhuillery, Médecin algologue, spécialiste en endométriose, membre du bureau de RESENDO et du comité stratégique de la filière EndoSud IDF.

C’est une maladie bénigne, mais qui peut avoir un retentissement majeur sur la qualité de vie.

L’endométriose peut entraîner des douleurs intenses, cycliques ou constantes, dans le bassin ou le bas-ventre, qui perturbent les activités quotidiennes habituelles, la santé et le bien-être. Les douleurs ne sont pas corrélées à l’étendue des lésions constatées à l’imagerie.

Le point de vue de

À chaque cycle, ces greffes vont saigner pendant les règles. Ce sont de microhémorragies locales qui se situent sur un tissu qui lui-même a une réaction inflammatoire intense, car agressé. Au bout de quelques cycles, chacune de ces greffes ne peut plus rester où elle est et se désagrège, soit sans laisser de trace (la femme restera alors toute sa vie avec une endométriose dite « superficielle »), soit avec un mécanisme de fibrose, de cicatrice à l’endroit où chaque greffe se trouvait. Parce que le bas ventre est une zone très innervée, ces cicatrices peuvent générer de petites douleurs par pincement des nerfs pelviens. Ces femmes ont alors des douleurs peu spécifiques en dehors des règles, des douleurs fugaces ou un peu plus prolongées pour lesquelles elles consultent ou pas, pensant que c’est normal. Elles avaient déjà mal au ventre pendant les règles, elles se mettent désormais à avoir mal en dehors des règles et de l’endomètre frais se redépose ensuite sur la cicatrice et ainsi de suite au fil des cycles. Sur des années d’évolution, cette accumulation de cellules fraîches sur les cicatrices va d’abord constituer des épaississements aux endroits de dépôt, puis des « nodules d’endométriose », composés à 75 % de cicatrices (fibroses) et à seulement 25 % d’endomètre frais. En fonction de l’endroit où ils se trouvent, ces nodules vont générer d’autres symptômes et d’autres douleurs qui varient d’une femme à une autre, avec toutefois de grandes caractéristiques communes .

— Isabella Chanavaz-Lacheray, médecin de la reproduction et spécialiste de l’endométriose.